Portrait : Jacques Couëlle, architecte mythique de la Riviera

Architecte renommé de la Côte d’Azur également appelé "architecte des milliardaires”, Jacques Couëlle a un style bien distinctif.

Sa vie

D’abord dessinateur d’art avant de devenir architecte, il développe une importante activité de négociant en objets culturels médiévaux dans l’entre-deux guerres. Par la suite, Jacques Couëlle devient un architecte autodidacte. Inclassable, il reste en marge des grands mouvements de l’architecture.

Son oeuvre

L’architecture de Jacques Couëlle, avec ses formes sculpturales en béton projeté et sculpté, évoque le mouvement de l’architecture-sculpture né après la guerre. En rupture avec le Mouvement Moderne qui plébiscite l’angle droit, il construit des maisons aux formes organiques et sculpturales, à l’image des maisons ovoïdes d’Antti Lovag, son élève, comme le « Palais Bulles » (1975), la propriété mythique de Pierre Cardin.

La spécificité de l’architecture de Couëlle tient à son rapport à la nature : ses maisons s’intègrent parfaitement dans leur environnement naturel parce qu’elles empruntent ses formes. Elles sont de véritables « maisons-paysages ».

Ce rapport à la nature l’associe à l’architecture organique d'Antoni Gaudí, à l’image du célèbre parc Güell (1900-1914) à Barcelone où les chemins creusés dans la pente comme des cavernes suivent les contours du terrain.

Jacques Couëlle et les voyages de formation

C’est à travers ce qu’il appelle des « voyages de formation » que Jacques Couëlle se forge son idéal et son identité architecturale. Il parcourt l’Europe et approfondit ses connaissances dans des domaines aussi variés que l’archéologie, la botanique ou l’anatomie. Il se passionne pour le principe de la voûte romane et l’architecture médiévale.

Ainsi, son premier amour pour l’art médiéval et son activité de négociant en la matière l’a amené à travailler en étroite collaboration avec le musée des Cloisters à New York. Ce lieu exceptionnel accueille l'un des départements du Metropolitan Museum of Art. Situé dans le quartier de Washington Heights au nord de l'île de Manhattan, ce musée abrite principalement cinq cloîtres médiévaux français qui proviennent principalement d’abbayes situées dans le sud de la France et qui occupent la plus grande partie du site. Ce musée offre un cadre harmonieux et évocateur aux quelques 2 000 oeuvres, objets d’art et éléments architecturaux, provenant de l’Europe de l’ouest médiéval et possède la plus grande collection d'art médiéval du continent américain.

En parallèle de son commerce d’art médiéval vers les Etats Unis, il fonde à Aix-en-Provence la « Décoration architecturale, maîtrise vivante des arts et de la pierre, du fer et du feu », dont le rôle est de mettre à la disposition d’architectes, de décorateurs et d’artisans une documentation iconographique et des exemples d’éléments décoratifs concrets, destinés à les faire renouer avec les savoir-faire aixois ancestraux. Sa collecte d’éléments anciens, récupérés sur des sites en ruine, lui permet de se constituer un vaste catalogue en taille réelle dont il va se servir pour assouvir les désirs de grandeur et de prestige de quelques milliardaires capricieux installés sur la Côte d’Azur et son arrière-pays. Il y construit ainsi un certain nombre de châteaux, comme des collages d’éléments architecturaux de styles différents destinés à donner à leurs propriétaires l’illusion d’une demeure ancienne de plusieurs siècles déjà, dotée du confort moderne et agencée selon leurs volontés. C’est ainsi qu’il acquiert son surnom d’architecte des milliardaires. De cette période naissent, entre autres, la bastide Saint-François, construite à Grasse (1926-1936), et le château de Castellaras (1926).

Sa touche sur la French Riviera

On compte parmi les premiers travaux de Jacques Couëlle le Domaine des Penchinades, les Bastides de Fontvieil, Pigranel et Saint François, le château de Castellaras et surtout le Château de Beaumont, véritable oasis de verdure et d’histoire entre Valbonne et Mougins. 30 ans après avoir travaillé sur le Château à Castellaras, il y conçoit un village autonome et sécurisé de quatre-vingt dix maisons. Baignées d’influences provençales, mauresques, florentines et espagnoles, chaque bâtisse est unique et protégée de l’extérieur par de savants jeux de végétation, élément signature de l’architecte.

Ses maisons-sculptures

L’ADN architectural utilisé dans le village de Castellaras évolue, la courbe n’est plus employée comme un simple élément décoratif. Elle devient le centre névralgique des constructions de Jacques Couëlle. La voûte fait son apparition, véritable renaissance des principes constructifs qu’il a étudiés et mis en œuvre au sein de la « Décoration architecturale ». La forme n’est plus dessinée, elle devient modelée.

Par la suite, il se lance donc dans un second projet résidentiel sur les hauteurs de Cannes, projet qui, quant à lui, ne fait pas l’unanimité. « Les milliardaires paieront 700 000 francs pour vivre dans des cavernes (améliorées) », titrait Libération le samedi 15 février 1964. Et le journal n’était pas le seul à porter un jugement sévère à l’idée du lotissement qui allait voir le jour, son style fluide s’opposant en tout point à celui qui impose ses diktats à l’époque : le mouvement moderne et ses angles droits.

La distinction entre la toiture, la façade et le sol a disparu, laissant place à une peau continue enroulée autour d’un patio et conçue en parfaite harmonie avec l’organisation dissimulée du jardin.

Des cinquante maisons prévues, seules cinq, faute de clients, sortiront de terre et deviendront dès lors un manifeste dans l’œuvre de Jacques Couëlle comme dans le courant de l’architecture-sculpture, dont il est considéré comme l’initiateur.

Face au massif de l’Estérel et surplombant le village de Mouans-Sartoux et plus loin la baie de Cannes, Castellaras apparaît comme le terrain de jeu idéal pour mettre en œuvre son approche d’un habitat non conventionnel.

Le lien avec l’extérieur est omniprésent dans ces maisons sur mesure, entre les vastes ouvertures qui coulissent à l’intérieur des murs et les sols qui se prolongent sur les terrasses réparties sur les différents niveaux. De loin, les maisons du domaine de Castellaras ressemblent à de gros rochers – certains ont évoqué des fourmilières, rythmées par des ouvertures irrégulières elles-même habillées de ronces de fer forgé servant de grilles.

Dès lors, Jacques Couëlle va concevoir toutes ses réalisations sur ce modèle. Il va faire évoluer son style à la recherche d’une harmonie toujours plus poussée entre l’architecture, l’homme (pour qui et par rapport à qui le projet est conçu) et la nature (qu’il prend toujours soin de préserver).

Le Domaine de Beaumont

Pour ses principales premières réalisations, il agit comme architecte de remplois et fonctionne en lien avec sa société aixoise autour de la décoration et le réemploi d’éléments médiévaux. En architecture, le remploi désigne la réutilisation de matériaux (spécialement les colonnes, les chapiteaux et les plaques de marbre) ainsi que d’œuvres d’art de monuments déjà existants comme matériaux de construction dans un nouvel édifice. C’est le processus qui a été utilisé sur le Domaine de Beaumont, proposée à la vente par le Private Desk de Côte d’Azur Sotheby’s International Realty.

Le prestigieux Domaine est surplombé par une demeure de caractère édifiée en 1920 au charme et style typiquement provençal pour son époque. Pensé par Jacques Couëlle, le château est un hommage aux styles italien, provençal et belle-époque. Ses façades en pierre naturelle habillées de bougainvilliers et de vignes et ses tuiles dans un camaïeu de beiges en font un point de lumière dans l’océan de verdure qui l’entoure.

En l’espèce, cette superbe demeure historique, ancienne maison de vacances de la famille de JF Kennedy lorsque celui-ci était enfant, possède tous les atouts d'une demeure de Maître. Sa position offre une vue panoramique sur les villages de Valbonne, Mougins et Mouans-Sartoux ainsi qu’une vue dégagée jusqu’à la mer.

Découvrez l’extraordinaire Domaine de Beaumont, conçue par Jacques Couëlle, cette demeure d’exception chargée d’histoire vous est proposée à la vente par le Private Desk de Côte d’Azur Sotheby’s International Realty, 74 boulevard de la Croisette à Cannes.

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